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Réalisateur
 : David Fincher

Acteurs Principaux : Edward Norton (Cornelius), Brad Pitt (Tyler Durden),  Helena Bonham Carter (Marla Singer)

Fight Club, c’est bien. C’est même très bon. Mais la chose que je déteste dans Fight Club c’est cette chose très mal comprise par pratiquement 80% des gens à qui j’en parle. Une idéologie exprimée à travers cette forte violence (ainsi que le dédoublement psychologique de Cornelius), ce qui se transforme en une forme d’influence surtout auprès des jeunes qui disent, et je les entends d’ici : « Oha ! Fight Club c’est trop bon ! T’as vu quand ils se tapent ? Ça déchire ».
Et puis ce fameux savon… quel emblème ! Perso je le trouve excellant. C’est un produit de consommation industriel avec lequel on se lave, mais ici, c’est pour tout faire péter… pas mal du tout, j’ai beaucoup aimé le déclic : les fruits de la société utilisés contre ce dernier. Le savon peut aussi prendre un autre sens, comme celui de se laver des idées inculquées dans notre tête par la société, la soit disant image de l’homme avec un grand H etc…

Bon, on a tous compris que le film véhicule un message anticapitaliste, anarchiste même, et qu’il s’inspire d’ailleurs d’un bouquin (dont le nom m’échappe) écrit pas un anarchiste anglais du XIXème  siècle. C’est très beau, très bien, on devrait tous penser comme Fight Club !
Mais cette violence dont je vous parlais émane tout simplement d’une volonté inconsciente à vouloir laisser une trace extérieure de l’autre personnalité de Cornelius qui n’était qu’au début du film une idée, ou forme sous-jacente, qui n’interagissait que dans l’esprit du personnage d’Edward Norton (cf. les inserts hyper rapide de Brad Pitt à plusieurs reprises) symbole également de l’anarchisme.

En ce qui concerne le Fight Club en lui-même, c’est un regroupement d’individu dans lequel nous pouvons donner libre cours à notre état bestial, une sorte de régression de l’homme moderne à l’état animal. Cette violence doit évidemment être comprise comme une concrétisation de l’idéologie. Mais avant tout, le Fight Club est un autre monde, où l’on parle un tout autre langage que celui de la civilisation. Il n’y a d’ailleurs pas de langage, hormis le langage de la violence. Cela est confirmé par les fameuses règles du Fight Club « Il est interdit de parler du Fight Club », ce qui d’emblée impose une censure de pouvoir communiquer avec le monde extérieur.
Cette violence sert également de régression comme je l’ai dit, mais régression dans le sens où l’individu est ramené à l’image un tas de viande et d’os qui bouge, avec une diminution écrasante de la réflexion de l’esprit « Vous n’êtes pas exceptionnel ».
En gros, le Fight Club est une prison décoré comme un monde meilleur dans lequel on rentre facilement et avec enthousiasme. Un véritable zoo dans lequel on regroupe des macaques ambulants (tient des « singes de l’espace »). Ce qu’il faut retenir du Fight Club, c’est qu’il nous offre l’opportunité de nous libérer d’une oppression qu’est celui de notre société, pour en rentrer dans une autre. C’est exactement comme vendre son âme au diable.

Moi ça me fait vraiment marrer les partis politiques, et surtout d’extrême gauche, qui utilisent les symboles fort de Fight Club pour attirer la jeunesse dans leur rang (« Tu n’es pas ce que tu possèdes »), c’est trop facile quoi, je les vois aller dans la jeunesse identitaire, etc etc…
Mais ce que tout le monde ne sais pas, c’est que si l’on rentre profondément dans les entrailles de Fight Club, on s’aperçoit que le film à tendance à faire beaucoup trop l’éloge d’une intelligence du mal, autoritaire, qui va à l’encontre total de l’humanité, et sans parler au nom d’un parti ou d’un model quelconque tel que le capitalisme ou autre...
Moi j’avoue que la première fois que je l’ai vu, je me suis fait complétement manipuler par la technique cinématographique de David Fincher, et j’étais comme tout le monde en train de brandir l’étendard Anticapitaliste, anti consommation, anti individualiste, car c’est quand même vrai en un sens, nous nous faisons également manipuler de A à Z par l’autre côté qu’est la société de consommation.

Au final on se retrouve écarteler entre l’idéal de notre société, et celle de Fight Club… dans tous les cas, je pense que la meilleurs chose à faire est de tracer notre propre chemin, et de ne pas sombrer dans les extrêmes, car le diable nous y attendra toujours.

Merci David Fincher pour ce film très intéressant, dont le souffle artistique est très puissant, et d’avoir fini ce film sur cette note de liberté, celle de Cornelius, ainsi que celle de la société… mais l’insert très rapide de cette putain de bite à la fin reste pour moi énigmatique… Je pourrais l’interpréter de mille façons.